Parole de Trump, des illégaux mangent des animaux domestiques, les écoles s’emploient à la transition de genre des garçons, et les gouvernements du monde entier envoient leurs prisonniers grossir les rangs des geôles américaines. Une pluie de mensonges, et un zoom sur ce concept…
Dans un essai publié en 1913, le philosophe allemand Adolf Reinach se penchait sur les « actes sociaux », et en particulier sur les actes de communication. Un tel acte se caractérise par son contenu intentionnel, son contenu propositionnel, et, comme tout acte, par sa finalité. Le mensonge constitue un acte de communication, et à ce titre, il se définit par ces trois éléments. Il convient de les analyser.
En premier lieu, c’est une banalité, mais le contenu propositionnel d’un mensonge est généralement un énoncé faux. Par énoncé faux, on entend une proposition qui ne correspond à aucun fait dans le monde. Par exemple, « la terre est plate », « le père Noël vit au pôle nord », ou « les crèmes minceur font perdre du poids » sont des énoncés faux. Pourtant, il ne suffit pas de formuler une telle proposition pour mentir. Le contenu intentionnel est déterminant pour qualifier un acte de communication de « mensonge ».
Le sceau du mensonge
Le contenu intentionnel est au cœur de l’acte de communication, il en est, en quelque sorte, le ressort. Adolf Reinach établit ainsi que le contenu intentionnel d’une assertion est la conviction : On ne soutient que ce dont on est convaincu. Concernant le mensonge, le contenu intentionnel est sans nul doute l’insincérité. Le besoin, le désir, ou le plaisir de cacher la vérité à son interlocuteur constituent la « matière première » du menteur, et la signature du mensonge.
Le dernier élément constitutif du mensonge est sa finalité, et celle-ci est presque toujours l’intérêt particulier. Mais la recherche de l’intérêt particulier prend deux formes distinctes : La protection ou l’agression, la défensive ou l’offensive. Dans le premier cas, on ment pour échapper au jugement ou aux conséquence de ses actes, mais aussi pour se créer des alliés suffisamment forts et naïfs. Dans le second cas, on ment pour déstabiliser un adversaire, le faire échouer, et accessoirement, enflammer les alliés déjà constitués dans le cadre de sa protection. Qu’il soit défensif ou offensif, le mensonge est toujours l’arme du lâche, de celui que la vérité dérange et effraie.
Retour à notre protagoniste. Donald Trump énonce continuellement des faussetés, pour se défendre, dans le cadre de ses procès, ou pour attaquer, dans le cas de la campagne présidentielle. Mais son rapport à la vérité est encore bien plus pathologique qu’il n’y paraît. Comme l’a expliqué Harry Frankfurt dans son essai « On bullshit », un simple menteur, se préoccupe de la vérité, parce que son but est de la cacher. Un bullshitteur, lui, ne prend pas cette peine, il se contente de de l’ignorer. Alors, oui, Trump, est dans la tromperie chronique, mais il alterne avec une aisance confondante entre mensonge et bullshit. Un vrai tour de force !