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28 février 2025. Trois ans d’une résistance héroïque face à l’invasion russe ! Bien calés dans leur fauteuil du bureau ovale, assis sur leurs milliards, Trump et son acolyte Vance se fichent pas mal du courage du peuple ukrainien et de son leader. Ils veulent leur « money back »…

À première vue, le courage se décline en plusieurs catégories : Il y a le courage physique, le courage intellectuel, politique, social, etc. Sauter à l’eau pour sauver une personne en détresse, relève sans aucun doute du courage physique, ou remettre en question ses travaux et théories à la suite d’une nouvelle découverte, s’apparente à du courage intellectuel. Ajoutons que prendre des décisions impopulaires pour un politicien, ou décider de mener une existence sans se préoccuper des normes imposées par la société, sont des preuves, respectivement, de courage politique et social.

À première vue, donc, toutes ces formes de courage sont bien distinctes. N’y-a-t-il pas, pourtant, un dénominateur commun à tous ces comportements ? C’est à un expert du courage, à un homme qui a traversé 12 années de goulag et en est ressorti grandi, à un écrivain qui n’a rien cédé à la lâcheté et au mensonge, que nous adressons cette question.

Dans un discours tenu à l’université d’Harvard en 1978, Alexandre Soljenitsyne évoque le courage, ou plutôt son déclin, dans les sociétés occidentales. Devant une assemblée réunie pour l’entendre vilipender le modèle soviétique, il livre un réquisitoire sans complaisance de l’Amérique, où il a pourtant trouvé refuge quelques années auparavant. Le courage, en Amérique et en occident, n’est plus, dit-il en substance. Les Américains nagent dans la prospérité et les produits de consommation. Élevés dans l’abondance et une certaine facilité, ils sont devenus mous de caractère, quand les soviétiques se sont endurcis face aux épreuves du quotidien.

Le courage au dessus de la loi

Mais l’essentiel est ailleurs. La dureté n’est pas le courage, la mollesse n’est pas la lâcheté. Soljenitsyne livre une analyse bien plus subtile de la société américaine et de son rapport au courage. Les Américains, dit-il, vivent dans la culture de la loi. La loi règle l’ensemble des interactions humaines et chacun s’en remet à elle, sans la questionner. Tout ce qui est légal est non seulement réalisable, mais aussi inattaquable. La loi devient une protection derrière laquelle tous les comportements sont permis. Le résultat est douloureux : Plus personne ne trace cette ligne rouge qui sépare les agissements justes des blâmables, et qui se nomme la droiture.

Le courage, selon Soljenitsyne, est justement cette capacité à se donner soi-même un sens aigu de la justice et à s’y tenir fermement, indépendamment de ce qu’en dit la loi, indépendamment des circonstances. Le peuple américain a perdu cette capacité, il est devenu lâche, sans un cœur pour guider sa conduite. Trump et Vance en ont fait la démonstration éclatante en se montrant durs, réfugiés derrière la loi du plus fort, celle de Poutine et de l’argent… Un contraste saisissant avec le courage du président Zelensky.

Isabelle Schönbächler

Isabelle Schönbächler est diplômée en Physique et Philosophie. Dans ses chroniques, elle mêle actualité et concepts philosophiques.

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