Jeudi 1er juin 2023, 18 :20, Roland Garros. Ne pas trembler, respirer. Le joueur de tennis allemand Altmaier déploie son corps, le projette vers l’avant, frappe la balle. Ace. Jeu, set et match. L’italien Sinner est vaincu, il s’efface après 5h26 d’un duel dantesque. Un combat.
Il y a ceux qui combattent la faim dans le monde, le racisme, la mafia, le réchauffement climatique ou simplement la maladie. Et il y les autres, qui se défient sur un ring, qui affrontent les éléments déchaînés, accrochés à la montagne, ou à la barre d’un voilier, ou qui se disputent une victoire sur un terrain de terre battue. Qu’ont-ils en commun ? Pas grand-chose a priori. Plus que cela, en réalité. Le concept de combat est à l’intersection de ces deux types de comportements.
Le « combat » est un ensemble d’actes cohérents dans lequel s’engage un « combattant », et dont la finalité est de faire reculer une menace ou, de promouvoir une valeur, individuelle ou collective. La menace ou la valeur en question constituent la « cause » du combat.
Qu’il soit d’un jour ou d’une vie, le combat met invariablement en jeu deux forces antagonistes, le combattant et son / ses adversaires. Dans un combat contre la destruction de la forêt amazonienne, par exemple, la déforestation elle-même est la cause du combat, mais les adversaires sont les acteurs de cette déforestation, à savoir les exploitants agricoles, miniers, ou forestiers sauvages. Les conditions nécessaires et suffisantes pour qu’une telle opposition de forces soit qualifiée de combat, sont au nombre de trois.
Pour commencer, il est obligatoire que la force opposée soit supérieure ou égale à celle du combattant : Une multinationale ne se lance pas dans un combat quand elle décide d’écraser un petit commerçant, tant ce dernier est inférieur en taille et en puissance. En revanche, lorsque deux géants de la technologie se disputent un marché mondial, alors la probabilité est grande d’assister à un combat.
Le courage du combattant
La cause du combat ne peut pas être un mal. On ne peut pas qualifier les efforts de trafiquants mafieux pour inonder un pays de drogue, de « combat ». Même si ceux-ci s’opposent à des forces de police qui les surpassent, leur démarche ne relève pas d’un combat, mais d’une simple entreprise criminelle.
Enfin, le combat s’accompagne, au moins du côté du combattant, de règles morales ou légales. Combattre une maladie, par exemple, ne se fait pas en achetant un organe à une personne nécessiteuse. Abuser de la pauvreté d’autrui, le mettre en danger, aux fins de prolonger sa propre vie, ne s’apparente pas à un combat, mais à comportement immoral.
Alors, qu’en est-il des boxeurs, alpinistes, joueurs de tennis, ou autres sportifs de tout poil ? Affronter des adversaires ou des vents contraires est leur lot quotidien. Mais il arrive qu’à la faveur d’un alignement des étoiles, peut-être poussés par un public en feu, face à une opposition inflexible, ils aillent chercher, tout au fond d’eux-mêmes, ce surplus de courage qui fait reculer la peur, oublier la douleur, et livrer un combat dont la cause est le dépassement de soi.
Peut-on donc dire que la police _combat_ la mafia, tandis que la mafia poursuit simplement des activités criminelles et se bat contre la police? Existe-il une différence entre combat et bataille?
Merci pour cette question très intéressante. En effet, je me suis posé la question de la distinction entre le combat et la bataille. Je dirais qu’il y deux éléments:
-Le combat est certainement plus ancré dans le temps que la bataille.
-La bataille ne relève pas d’une cause. L’exemple du tennis est assez parlant: Il y a parfois de belles batailles, mais le combat surgit seulement quand chacun va chercher ce dépassement de soi même, la cause qui fait toute la différence entre bataille et combat.
Messi GOAT
Merci pour ce commentaire, et en effet, Messi fait partie des grands footballeurs de ce monde, bien qu’on ne puisse pas forcément le qualifier de « combattant », mais de joueur très talentueux.