Les évènements climatiques récents, canicules, inondations, semblent n’avoir aucune prise sur ceux que l’on nomme les « climato-sceptiques ». Mais le terme « scepticisme » est-il vraiment bien employé à propos de ces pourfendeurs des conclusions du GIEC ? À voir…
Le scepticisme désigne, dans le langage courant, une attitude incrédule ou défiante à l’égard d’un fait ou d’une information rapportés comme vrais. L’apôtre Thomas est un parfait exemple de sceptique : Peu enclin à croire en la résurrection de Jésus annoncée par ses camarades, il ne fut convaincu qu’après avoir mis la main « dans son côté ».
En philosophie, le scepticisme est l’une des trois grands courants de pensée de la période helléniste, avec l’épicurisme et le stoïcisme. Tous trois proposent un programme de vie censé délivrer l’homme des tourments de l’âme et l’amener à l’ataraxie, soit la paix intérieure. Mais chacun emprunte une voie différente pour atteindre cet état enviable, avec tout de même une ligne commune : Une discipline de vie est nécessaire pour vivre heureux.
Pour ce qui est du sceptique, cette discipline de vie consiste à suspendre son jugement en toute occasion, et rejeter toute croyance. Pourquoi ? Parce que rien ne permet d’affirmer une chose ou son contraire, les arguments de part et d’autre s’annulant toujours à la manière de deux forces opposées et égales. Tout questionnement devient alors inutile, et le repos de l’âme s’ensuit.
Cette résignation face à la connaissance peut sembler peu inspirante ou porteuse d’espoir. Il y a pourtant, derrière ce refus de prendre position en faveur d’une opinion ou d’une autre, le rejet d’une forme de pensée pernicieuse : Le dogmatisme, soit la certitude de détenir des vérités n’admettant aucune remise en question. L’idéologie politique ou religieuse a bien souvent montré dans le passé, comme de nos jours, combien le dogmatisme peut s’avérer dangereux…
Climato-scepticisme ou dogmatisme ?
Retour à nos climato-sceptiques. Les incrédules face au changement climatique ne forment pas un bloc homogène. Pour une petite frange de cette population, des intérêts économiques puissants les poussent à nier un phénomène qui n’arrange pas leurs affaires, et pour lequel ils ont très peu de curiosité. Pour une partie beaucoup plus large, le doute face au climat est un oreiller de paresse bien commode : Pourquoi aller lever de tels lièvres, quand la vie est déjà bien assez compliquée, ou, pire, quand il est si agréable d’en jouir sans mauvaise conscience ?
Mais une autre sorte de public est réticent à croire en la science : Celui qui, précisément, nourrit une croyance résistant à la preuve scientifique, une croyance qui ne cède devant aucun chiffre ni aucune évidence, une croyance « dogmatique ». Ce public est largement représenté chez les partisans d’une lecture littérale de la bible, ou les tenants d’un libéralisme à tout crin. Leur rejet des thèses du GIEC relève, paradoxalement, non pas d’une attitude sainement critique face aux données scientifiques, mais de dogmes religieux ou politiques fermement ancrés. Loin, très loin du scepticisme…
Du manque de courage et non du véritable scepticisme. Argument simole et plutôt conventionnel mais juste et puissant et très bien amené et développé dans cet article. Super chronique!
Merci Pierre pour ce commentaire. Je suis très touchée. J’ai en effet essayé de mettre le doigt sur une contradiction très forte entre le terme « climato-sceptique » et la réalité qui se cache derrière. Le scepticisme n’est ici qu’un voile de fumée qui ne parvient pas à dissimuler le dogmatisme de ceux qui s’en réclament! Merci de me lire. Isabelle