« Les frontières de la Russie ne s’arrêtent nulle part ». Une boutade ? Non ! Poutine n’en démord pas : Il veut rétrécir les frontières de l’Ukraine. Trump, lui, élève des frontières tarifaires entre les USA et le reste du monde. Les frontières sont au cœur de la post-mondialité.
Elles sont partout, prennent toutes sortes de formes, et de nombreuses fonctions : Les frontières ne connaissent pas de limite !
Par frontière, on entend une ligne de démarcation entre deux entités physiques ou immatérielles. Les entités physiques sont, par exemple, des pays, des hémisphères, des mers, des objets vivants ou inanimés tels que des arbres, des chaises, des terrains de foot, et bien sûr des êtres humains. Les entités immatérielles comprennent le bien et le mal, la vie et la mort, ou le juste et l’injuste.
Par essence, la frontière sépare la réalité en deux blocs situés de part et d’autre. Elle s’oppose à la limite, contre laquelle la réalité vient buter. Il existe, par exemple, des limites physiologiques à la durée de la vie humaine (environ 125 ans), ou des limites physiques, telles la limite au rendement d’un moteur à explosion (60%). Il n’y a rien au-delà de la limite, alors qu’une autre réalité peuple le côté opposé de la frontière.
Si la nature de la frontière est de séparer, sa fonction va plus loin. Prenons les entités à trois dimensions, tels que les objets ou les êtres vivants. Leur frontière est une enveloppe fermée, qui les délimite, et souvent, les protège. Une tortue ou un hérisson possèdent une frontière physique en forme de défense face aux ennemis. Une voiture est également délimitée par une enveloppe métallique destinée à préserver son espace intérieur.
Les frontières institutionnelles
D’autres frontières prennent des fonctions bien plus critiquables. Certaines frontières territoriales enferment leurs citoyens, comme en Corée du Nord, ou excluent les étrangers, comme le mur séparant les États Unis du Mexique. Quelques frontières, plus insidieuses, divisent les individus, telles que les frontières sociales entre ouvriers et patrons, les frontières raciales ou communautaires.
Plus fascinantes, sont les frontières intérieures. L’être humain est doté d’une conscience, lui permettant de poser, en premier lieu, cette frontière identitaire entre son monde intérieur propre et le monde extérieur. Une fois cette séparation établie, il s’agit pour la conscience de construire des frontières mentales indispensables à la vie en société : Les capacités morales font de l’humain un être capable de tracer une ligne entre l’interdit et le permis, entre le mensonge et la vérité. Ce ne sont pas des limites à la pensée ou à la créativité, mais des guides du comportement envers autrui.
Trump et Poutine ignorent les frontières intérieures. Dans le meilleurs des cas, ils les transgressent, dans le pire, ils n’en ont pas. Leur acharnement à édifier ou détruire les frontières extérieures ne reflète que leur faiblesse et leur propre peur face au changement et à la différence, quand ceux-ci prennent la forme de la démocratie ou de l’étranger. Lorsque l’ultime frontière se présentera à eux, qu’y aura-t-il de l’autre côté?