Skip to main content

Mars 2025. Les bourgeons bourgeonnent, les bourdons bourdonnent, et les tronçonneuses tronçonnent ! Des coupes budgétaires dans l’aide internationale, la recherche médicale, la lutte contre le changement climatique, ou encore l’éducation : Trump n’en finit pas de tailler dans l’état.

C’est une rengaine bien connue : L’état est la source de tous nos maux. Il est gras comme un mammouth et tentaculaire comme une pieuvre. Il s’immisce dans nos vies d’une façon intolérable, à la fois contraignant, punitif et empêcheur de tourner en rond. Les courants libertariens se multiplient pour dénoncer ce « machin » inutile et broyeur de l’individu.

Mais au fait, qu’est-il reproché à l’état ? Essentiellement trois choses : L’état ampute nos libertés, il déresponsabilise les individus, et se sert à pleines mains dans nos portefeuilles. Voyons cela.

C’est un fait, l’état légifère. Et, par essence, les lois restreignent les libertés. Dans les démocraties occidentales, les lois limitent la liberté de polluer l’air, l’eau et les sols, la liberté de discriminer les individus en fonction de leur genre, race ou religion, la liberté de harceler autrui sexuellement ou psychologiquement, ou encore la liberté de rouler à 150km/h en ville. On peut le regretter, mais la limitation des libertés est essentielle à la vie en collectivité. La seule existence d’autrui, de ses intérêts, de ses fins légitimes, constitue un obstacle à la liberté de chacun. En légiférant, l’état se borne à entériner ce fait.

Dépenser ou ne pas dépenser ? Voilà la question…

Un autre aspect de l’action de l’état fait l’objet d’un extrême courroux. L’état social assure un soutien aux individus dont la vie a basculé dans la précarité ou le handicap. Erreur, disent les ennemis de l’état : ce faisant, il n’incite pas les individus à assumer leurs actes et à se tenir pour redevables de leurs erreurs. C’est la fin de la responsabilité individuelle ! Cette vision manque cruellement de profondeur. L’erreur fait partie intégrante de l’expérience humaine. Chacun est susceptible, au cours de son existence, de chuter, d’être frappé par la maladie ou l’accident, d’agir de façon inconséquente, ou de se mettre dans une situation difficile. En soutenant les accidentés de la vie, l’état prend acte de cette réalité.

Last but not least, l’état dilapide l’argent du contribuable. Dans la bouche des détracteurs de l’état, le mot « dépense » devient une obscénité. Comment comprendre cette focalisation sur les dépenses ? Soit il est reproché à l’état de dépenser beaucoup, auquel cas la réponse est simple : l’organisation d’une société coûte cher. Soit il est reproché à l’état de dépenser trop, mais trop pour quoi ? Cette question innocente nous renvoie au paragraphe précédent : L’état dépense trop en aides de tout poil, bien sûr ! Mais alors, l’argument de la responsabilité individuelle n’est -il qu’un stratagème pour cacher l’essentiel : Chacun pour sa pomme ?

En démantelant l’état américain, Trump sidère le monde entier. Il donne aussi des ailes à tous les haineux du « machin ».

Isabelle Schönbächler

Isabelle Schönbächler est diplômée en Physique et Philosophie. Dans ses chroniques, elle mêle actualité et concepts philosophiques.

Leave a Reply