Dans son discours de politique générale, le jeune premier ministre français a prononcé 7 fois le mot « autorité ». Pas de doute, G. Attal entend restaurer cette valeur jugée ringarde par les mélenchonistes. Mais les Français en redemandent. Zoom sur le concept d’autorité.
Il existe bien des raisons d’obéir à autrui : L’intérêt personnel, le calcul, la peur, le désir de plaire etc. Mais le plus souvent, l’obéissance est obtenue par l’autorité ou le pouvoir. Les occasions ne manqueront pas, à l’avenir, de se pencher sur le concept de pouvoir. Arrêtons-nous aujourd’hui sur l’autorité.
Les philosophes politiques et moraux se sont largement étendus sur le concept d’autorité, et pourtant, il reste difficile d’en donner une définition rigoureuse. La grande Hannah Arendt oppose l’autorité « à la fois à la contrainte par force, et à la persuasion par arguments ». L’économiste et sociologue Max Weber y voit la « probabilité qu’un ordre soit exécuté par un groupe de personnes ». On comprend que l’autorité incite à l’obéissance, mais pas n’importe comment : Certainement pas par la contrainte, mais pas non plus à la suite d’interminables palabres.
Pour aller plus loin dans la compréhension du concept d’autorité, nous l’illustrons par deux exemples fictifs.
L’autorité comme relation à l’autre
Jean a toujours été un père respecté dans ses décisions par son fils Paul. Avisé et réfléchi, avare en paroles mais ne craignant pas de dire les choses sans détours, il s’est montré ferme dans sa ligne de conduite, et durablement fidèle à ses valeurs tout au long de sa vie. Jean a certes commis des erreurs, mais en a assumé les conséquences sans blâmer autrui. Aujourd’hui âgé et affaibli, Jean se fait aider par Paul dans son quotidien. Entre eux, la situation a bien changé, mais une chose subsiste : Le respect et la considération que le fils porte au père.
Jacques est un professeur de mathématiques redouté pour ses punitions sévères et ses éclats de voix. Un jour, un élève se rebiffe contre lui. Il entre dans une rage folle, allant jusqu’à injurier et menacer l’adolescent. Plus jamais les élèves ne lui obéiront.
Qu’en conclure ? L’autorité est une relation à l’autre, et non une situation à l’autre. Être en situation d’imposer sa loi à autrui, grâce à son statut de père, de professeur, ou de policier, ne constitue en rien une forme d’autorité. Au contraire, l’établissement d’une relation de respect et de confiance, basée sur un comportement exemplaire, des compétences reconnues, et une conduite inspirante, s’apparente à l’autorité. L’autorité ne se décide pas, ne s’impose pas par la seule volonté. Elle se construit patiemment, et sa résistance au temps est la marque de son authenticité.
Alors, que penser du discours de Gabriel Attal. Oui, les Français sont favorables au retour de l’autorité, que ce soit à l’école ou dans les quartiers. Pour cela, il faudra plus que des lois et de l’argent. Seuls le temps, la persévérance, et l’exemplarité d’hommes et de femmes courageux peuvent mener au succès d’un tel projet.