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« It’s the economy, stupid! ». Cette vérité, Bill Clinton l’avait inscrite sur un post-it placé bien en vue sur son bureau, pour ne pas oublier… Kamala Harris le savait, mais Donald Trump occupait déjà le terrain du pouvoir d’achat, du billet vert et de la carte American Express…

Il y a l’avarice, la cupidité, et il y a l’amour de l’argent. Ce sont trois choses différentes, quoique non mutuellement exclusives.

L’avarice est un trait de caractère d’autant plus déplaisant qu’il est difficile à masquer en société. Il se caractérise par une extrême réticence à se séparer de son argent, bien au-delà de la simple nécessité à épargner une proportion raisonnable de son salaire. Molière a su admirablement tourner en ridicule ce travers, qui n’incite pourtant guère à rire dans la vie ordinaire.

La cupidité est le miroir de l’avarice. Lorsque l’avare s’efforce de ne rien dépenser, le cupide, lui, jette toutes ses forces dans la quête de l’oseille. Tout comme l’avare épargne par simple désir d’épargner, le cupide amasse sans autre finalité que, précisément, amasser. Ainsi, pour l’avare et le cupide, l’argent est intrinsèquement bon, indépendamment du besoin qu’on en a. Voyez Picsou : Il cumule avarice et cupidité dans leur plus grande pureté !

L’amour au Nouveau Monde

Mais venons-en à l’amour de l’argent par le biais d’un éminent aristocrate français. Alexis de Tocqueville a séjourné en Amérique entre 1831 et 1832, et en est revenu fortement impressionné par ce Nouveau Monde combinant « esprit de liberté » et « esprit de religion ». Il y a aussi observé, avec une certaine acuité, un rapport à l’argent assez singulier pour un homme issu d’une longue lignée de nobles nantis. Voici ce qu’il en dit :

« Je ne connais pas de pays où l’argent tienne une si large place dans le cœur de l’homme, et où l’on professe un mépris plus profond pour la théorie de l’égalité permanente des biens »

Comment comprendre cette observation de Tocqueville ? Tout d’abord, les Américains, dit-il, aiment l’argent, il tient une « place dans leur cœur ». Mais ils conçoivent l’argent comme un bien dynamique, quelque chose que l’on gagne et que l’on perd selon les circonstances. Autrement dit, l’argent est fluide et fugace. Il circule constamment, dans un sens ou un autre, et ainsi va l’amour de l’argent : On l’aime pour le gagner et le dépenser en toute liberté, pour ce qu’il permet, le luxe, la célébrité, l’oisiveté, les fausses amitiés, et les envieux que l’on crée ! Lorsque l’avare jouit de ne rien dépenser, quand le cupide se délecte de moissonner tout le blé, l’amoureux de l’argent savoure tout simplement ses bienfaits et se félicite de sa bonne fortune. Pour lui, l’argent est essentiellement instrumentalement bon !

Kamala est-elle une amoureuse de l’argent ? Peut-être… Mais Donald, lui, l’est assurément. Cet homme d’affaire ne dédaigne aucun des plaisirs du dollar, et en cela, il est allé droit au cœur des Américains. Un cœur qui bat au rythme de l’inflation, des taux d’intérêt, du cours de la bourse et du bitcoin. Qui peut leur reprocher ?

Isabelle Schönbächler

Isabelle Schönbächler est diplômée en Physique et Philosophie. Dans ses chroniques, elle mêle actualité et concepts philosophiques.

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