L’été, le temps des vacances au bord mer, à la montagne ou dans la résidence familiale, à la campagne. Un luxe auquel 20 pourcents des Suisses et 40 pourcents des Français ne peuvent accéder. La NUPES (Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale) a eu une idée…
Le droit aux vacances, ça vous parle ? Attention, il ne s’agit pas du droit aux congés payés. Ceux-ci sont un acquis social en Suisse et en France depuis de nombreuses années : Tout employeur est tenu de payer à ses salariés plusieurs semaines de congé pendant lesquelles ils ne travaillent pas. Ce « droit » aux congés payés pour les salariés correspond, symétriquement, à un « devoir » de payer lesdites relâches pour l’employeur.
Le droit aux vacances défendu par la NUPES vient, de fait, s’ajouter au droit aux congés payés. En quoi consiste-t-il ? Il s’agit essentiellement, dans le projet de loi proposé le 04 juillet 2023, de la mise en place d’aides financières étatiques pour les familles modestes. Selon les auteurs du texte de loi, de telles aides constituent un « devoir de solidarité pour l’ensemble de la nation ».
Sur le fond, il est tout à fait louable de vouloir donner à chacun la possibilité effective, et non seulement théorique, de s’adonner aux joies de la villégiature. Bien des enfants privés de ces plaisirs en seraient les premiers bénéficiaires ! Toutefois, la création d’un droit pour les uns, entraîne immanquablement l’apparition d’un devoir pour les autres. Dans le cas présent un « devoir de solidarité », ou plus prosaïquement, un devoir de passer à la caisse…
Vacances au « large »
Mais le problème soulevé par ce projet de loi ne concerne pas tant le fond, que l’argument censé appuyer cette proposition. Le député de la France Insoumise, François Ruffin, y voit une chance d’accéder à « la vie large »… Vraiment ?
La « vie large » est une formule attribuée à Jean Jaurès, homme politique français de la fin du XIXe siècle, début du XXe. En réplique à un adversaire, il aurait prononcé cette phrase : « Nous ne sommes pas des ascètes, nous voulons la vie large ». Qu’entendait-il par-là ?
Philosophe de formation, socialiste et pacifiste, Jean Jaurès a soutenu avec conviction les luttes ouvrières pour de meilleures conditions de travail, et plus généralement, plus de justice sociale. Dans ce sens, et au vu de son évocation de l’ascétisme, il est plausible que l’expression « la vie large » ait signifié une vie tout simplement plus confortable et plus aisée pour les ouvriers.
Mais Jean Jaurès n’aurait-il pas trouvé offensant qu’un séjour sur les plages surpeuplées de France soit présenté aux classes populaires comme la « vie large » ? Il est vrai que l’horizon, face à la mer, est moins étroit, au sens physique du terme, que celui vu depuis les cités HLM de banlieue. Pourtant, c’est d’un autre horizon dont leurs habitants rêvent. Un horizon fait d’offres de formation, d’opportunités professionnelles, de choix de vie, bref, de perspectives d’avenir. La vie large n’est pas faite de miettes de côtes maritimes, mais d’un réel espace de progrès pour tous.
Interesting topic! Apparently Jean Jaurès « la vie large » has not been interpreted adequately by Mr. Ruffin; or maybe « la vie large » simply has a different meaning in todays world… Whereas the intention is good, implementing a « right for vacation » is, to me, simply treating the side effect of poverty and inequality and therefore neither the adequate instrument to foster long-term curiosity and development in children and teenagers nor to increase equal opportunities.
Merci Simona pour ce commentaire très pertinent. Je ne sais pas si Mr Ruffin a mal interprété la formule « la vie large ». Je pense que Jean Jaurès avait aussi en tête l’idée de profiter de la vie, d’avoir accès à des choses non essentielles mais agréables, de petits luxes. Mais en effet, offrir des subsides pour partir en vacances au nom de « la vie large » revient à prendre le problème par le mauvais bout, traiter le symptôme et non la maladie. Améliorer l’accès à l’éducation, à la formation professionnalisante, à de meilleures qualifications pour de meilleurs salaires, voilà un vrai programme en vue de « la vie large », un programme d’ouverture à des perspectives d’une vie meilleure!