En décembre 2021, une rumeur apparaissait sur les réseaux sociaux : Brigitte Macron serait née homme, sous le nom de Jean-Michel Trogneux. Malgré les démentis de l’intéressée, et le grotesque de l’allégation, la rumeur est persistante. Décryptage de ce phénomène.
En quoi une rumeur se différencie-t-elle d’une information ? Toutes deux possèdent un contenu informationnel, potentiellement vrai ou faux, et toutes deux atteignent un public plus ou moins large. En dehors de cela, tout les distingue.
Pour commencer, la personne qui divulgue une information le fait ouvertement, alors que celle qui lance une rumeur reste généralement anonyme. Lorsqu’un journaliste révèle une information, il ne cache pas son identité. Peut-être ne dévoile-t-il pas ses sources, mais il assume être l’auteur de la divulgation. La rumeur, elle, est généralement lancée en toute discrétion, et en toute impunité pour son auteur.
La propagation de l’information diffère aussi de celle de la rumeur. Une information fait souvent l’objet d’une communication via un premier média, puis est reprise par d’autres médias après vérification. Ainsi, l’information arrive majoritairement directement depuis un média jusqu’au public. La rumeur, elle, après divulgation de son contenu, se propage de proche en proche parmi le public. Son contenu est alors rarement tenu de première main, mais de la main d’intermédiaires eux-mêmes pris au milieu d’une chaîne de diffusion désordonnée. Il arrive que la rumeur parvienne à un même individu par plusieurs circuits différents, amplifiée ou déformée.
La rumeur en tant que moyen
Enfin, la rumeur se distingue de l’information par son contenu. Peut-on imaginer l’existence d’une rumeur sur un théorème de mathématique ? Pas vraiment. En revanche, tout contenu portant sur les frasques intimes d’un comédien célèbre serait l’objet approprié d’une rumeur. On comprend que l’information vraie véhicule un contenu d’intérêt général, une connaissance destinée au patrimoine épistémique commun. La rumeur, elle, se veut porteuse d’une vérité cachée, intime, tenue secrète par quelques-uns. Elle excite la curiosité malsaine du public, alors que l’information s’adresse à son appétit de savoir.
Cette différence de contenu entre information et rumeur, impacte directement la nature de ces deux entités. Parce que le contenu de l’information vraie a une valeur en soi et produit directement une connaissance, alors, l’information est une fin en soi. Inversement, parce que le contenu d’une rumeur n’a pas de valeur épistémique, parce qu’il ne produit tout au plus qu’une croyance, alors, la rumeur n’est pas un but en soi, mais un moyen, par exemple le moyen de discréditer une personne. La rumeur sert toujours l’intérêt de quelqu’un, quand l’information est un bien collectif.
Retour à Madame Macron. L’autrice de la rumeur la concernant est une « journaliste indépendante » versée dans un complotisme partisan. Son but : Dévoiler la manipulation à grande échelle du peuple français par une classe dirigeante occulte… On vous laisse juger.