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Après le nord, c’est au tour du sud. Les bombardements israéliens visent désormais les villes proches de la frontière égyptienne. Les civils se retrouvent privés de toit, de soins, de nourriture, de tout… Une punition collective pour un crime commis par le Hamas ? À voir

La punition. De nos jours, le mot rebute. Il sonne poussiéreux, moralisateur, réservé aux bigots de tout crin : Dieu n’a-t-il pas puni par le déluge, l’humanité tout entière, en raison de ses péchés ? La punition est pourtant un concept passionnant, du fait de son rôle social et de sa nature. Dans cette chronique, nous nous y intéressons sous ces deux aspects.

En Suisse, et ailleurs, pourquoi punit-on les délits de chauffard de peines privatives de liberté, en plus d’un retrait de permis ? Pour plusieurs raisons.

Pour commencer, une telle punition exerce un effet dissuasif sur la plupart des conducteurs de voiture. Majoritairement, ces derniers préfèrent ne pas séjourner en prison avec tous les inconvénients que cela suppose. En êtres rationnels, ils évitent alors de se mettre en situation d’être coffrés.

D’autre part, une punition en forme de peine privative de liberté met temporairement la société à l’abri des chauffards. Autrement dit, un chauffard en prison est un danger de moins pour les usagers ordinaires de la route.

La punition, expression de la justice

Mais il y a plus. Supposons que, par son inconscience, l’un de ces chauffards a accidentellement fauché un malheureux cycliste circulant dans son couloir. Le père de la victime, effondré, réclame une punition exemplaire, la peine de prison maximale, pour cette faute aux conséquences terribles. Mais pourquoi ? Pour dissuader d’autres individus de commettre de telles erreurs? Pour se protéger ou protéger la société de cet individu? Non, que lui importe! Il est devenu indifférent à ce qui pourrait lui arriver ou arriver aux autres. Alors pourquoi ?

La réponse généralement avancée est la suivante : La punition « répare ». Un déséquilibre moral a été créé par le chauffard et la punition rétablit cet équilibre, en quelque sorte.

Tentons de comprendre ce qui se joue ici. Un délit de chauffard est un comportement dangereux pour les autres, c’est pourquoi la société le sanctionne. Mais lorsqu’un tel comportement entraîne le décès d’un individu sous les roues d’un bolide, alors, il se double d’une injustice : En effet, aucune circonstance ne permet de considérer le fauchage d’un paisible cycliste par un fou du volant, comme « juste ». Or, seule la justice peut corriger l’injustice, et celle-ci ne prend que deux visages : La punition en cas de faute morale grave, la récompense en cas d’acte moral admirable.

Si le père du malheureux cycliste demande une peine exemplaire, c’est parce que la punition est un acte de justice, qui ne compense pas le préjudice subi (rien ne lui rendra son fils), mais atténue, un peu, la douleur de l’injustice.

Dans le cas des victimes palestiniennes innocentes, tombées sous les obus israéliens, point de punition, point de justice, mais un crime de guerre assumé.

Isabelle Schönbächler

Isabelle Schönbächler est diplômée en Physique et Philosophie. Dans ses chroniques, elle mêle actualité et concepts philosophiques.

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