Des élections européennes gagnées par le RN, le pari raté d’une dissolution express de l’assemblée nationale, un premier ministre censuré par la chantre autoproclamée du pouvoir d’achat, une France sans budget et affaiblie : Le président Macron est-il encore légitime ?
Le concept de légitimité ne se laisse pas aisément cerner. Une forme de confusion règne avec le concept de légalité. Même s’ils entretiennent une certaine proximité, les deux termes sont bien distincts.
La légalité est la conformité à la loi : Est légale toute action qui entre dans le cadre défini par la loi, quel que soit l’agent ou le contexte de l’action. Par exemple, il est légal d’embaucher des salariés au salaire minimum, qu’il s’agisse de personnes qualifiées ou non, d’une période de chômage ou de haute activité.
Il n’en va pas de même de la légitimité, concept à la fois plus large et plus étroit que la légalité. Le concept de légitimité est plus étroit en ce qu’il ne s’applique pas à une action donnée, mais à un agent spécifique et/ou une action spécifique dans un contexte spécifique. Illustrons ce propos. La loi genevoise n’interdit pas les petites punitions corporelles, telles que les fessées, pour les enfants. Cette action est donc légale et sa légalité s’applique à tous quel que soit le contexte. En termes de légitimité, en revanche, on peut se demander s’il est légitime, pour un parent, de donner une fessée à son enfant qui a perdu son bonnet. Ici, la question de la légitimité concerne un agent spécifique, le parent, effectuant une action, donner une fessée, dans un contexte spécifique, la perte d’un bonnet.
La légitimité en tant que fondement
D’autre part, le concept de légitimité est plus large que celui de légalité du point de vue du fond. La légalité relève strictement sur la loi, alors que la légitimité invoque la notion de fondement. Est légitime ce qui est « fondé », que ce fondement soit de l’ordre de la morale, de la compétence, du statut, de la qualité, du contexte etc. Reprenons l’exemple précédent. Il ne semble pas légitime pour un parent de fesser son enfant qui a perdu son bonnet, mais la même action peut être considérée légitime si l’enfant a infligé des sévices à son chat. Pourquoi ? Parce que la gravité du comportement d’un enfant peut fonder ou non une petite correction. En revanche, un passant assistant au comportement de cet enfant n’est pas légitime à le corriger, car, si le statut de parent fonde son autorité sur l’enfant, le statut d’inconnu n’en fonde aucune.
Revenons à E. Macron. Le contexte de son élection au scrutin universel légitime sans conteste sa place au sommet de l’état. Mais le contexte de crise institutionnelle que traverse la France, et le fait que E. Macron n’y soit pas totalement étranger, fragilise sa légitimité à exercer le pouvoir que lui donne son titre. En tant que président en titre, E. Macron est ainsi légitime. En tant que décideur des destinées de la France, il l’est beaucoup moins. L’a-t-il compris ? Pas sûr au vu de sa détermination à s’impliquer dans les affaires et la marche du nouveau gouvernement.