Un influenceur travaille-t-il ? L’activité d’un tueur à gage, d’une joueuse de tennis, d’une Escort girl, d’un magnat de l’immobilier, d’un alpiniste, d’une poète, d’un Nez, peut-elle être qualifiée de « travail » ? Question difficile, n’est-ce pas ? On tente d’y répondre.
Qu’est-ce que le travail ? Nous travaillons tous, à la maison, à l’école, à l’usine, ouvriers, cuisiniers, médecin, étudiants ou curés. Mais définir le travail est une tâche ardue. Le travail est une activité, c’est-à-dire un ensemble d’actions coordonnées et cohérentes. Mais, toute activité ne constitue pas un travail. Lire le journal sur son canapé, faire du shopping, sont des activités, mais pas « du travail ». La question se pose de savoir ce qui différencie le travail d’une autre activité non laborieuse.
Une première approche consiste à définir le travail par ses conditions nécessaires et suffisantes. Par exemple, une activité est un travail si et seulement si elle est rémunérée, crée de la valeur sociale, économique ou culturelle, demande un effort physique ou intellectuel, se fait dans un cadre donné etc. Cette approche mène à une impasse. Trop de cas particuliers viennent contredire l’une ou l’autre de ces conditions, et la définition se complexifie à l’infini.
Première illustration de cette difficulté, une femme au foyer travaille mais ne reçoit aucun salaire, et d’autre part, un rentier est payé précisément à ne rien faire… Il n’y a pas de relation stricte entre rémunération et travail. Autre exemple : Un écolier travaille dur à ses devoirs, pourtant il ne crée pas de valeur économique ou sociale, mais en consomme ! Inversement, une personne qui va jouer aux cartes chaque jour chez son voisin âgé et isolé, crée de la valeur sociale, et pourtant cette activité n’est pas « du travail ». Impossible d’établir une corrélation entre travail et activité créatrice de valeur ! Il en va de même pour l’effort, ou le cadre dans lequel s’exerce l’activité.
Travail ou métier?
Il faut réfléchir autrement. Dans des temps reculés, l’homme était un chasseur cueilleur. Il se déplaçait constamment sur son territoire à la recherche de baies et de petit gibier. Il avait faim lorsque les fruits manquaient et froid lorsque l’hiver venait. En somme, son quotidien dépendait entièrement de la nature environnante et de ses aléas. Progressivement, l’homme s’est mis à cultiver, se construire un toit, fabriquer des outils, confectionner des vêtements, bref à se rendre moins dépendant des risques naturels. Il avait inventé le travail.
Le travail est donc cela, toute activité s’inscrivant, directement ou indirectement, dans un effort collectif ou individuel pour s’éloigner de la condition de nature, une condition dans laquelle la mort survient d’un prédateur ou d’une jambe cassée, un océan est un obstacle insurmontable, les plaisirs de l’art, de la culture, et la morale n’existent pas, et la peur est omniprésente.
Mais alors, quid de nos poète, influenceur, Escort girl, Nez, alpiniste, tueur à gage, magnat de l’immobilier ? Pour tous, il s’agit d’un moyen de gagner sa vie. Pour certains seulement, il est question de travail. À vous de choisir !