Beaucoup en rêvent, peu y accèdent : La présidence, le sommet de l’état, la plus haute marche de la magistrature. Pour la deuxième fois, Trump goûte au pouvoir suprême et il ne compte pas bouder son plaisir. Le pouvoir, il aime ça, et il n’est guère partageur…
Dans son essai « Économie et société », le sociologue allemand Max Weber définit le pouvoir d’un agent comme sa capacité à imposer sa volonté au sein d’une relation sociale. Cette capacité à dicter sa loi réside, non pas dans la relation à l’autre, mais dans la situation relativement à l’autre.
Illustration. Vous roulez en voiture et un gendarme vous fait signe de vous arrêter. Vous obtempérez car un gendarme, de par sa fonction, est en situation d’interrompre la circulation : il en a le pouvoir. Un peu plus loin, vous stationnez sur une aire de repos, et un individu muni d’une arme à feu vous menace et exige votre portefeuille. Désarmé, vous vous résolvez à lui céder votre argent : flingue en main, l’individu est en situation de vous dévaliser.
Le pouvoir, est ainsi une situation de force relativement à une situation de faiblesse. Mais, les exemples précédents illustrent deux formes de pouvoir bien distinctes : Le pouvoir de droit et le pouvoir de fait. Le premier, celui du gendarme, est un pouvoir acquis par des voies légales ou licites, par exemple, en suivant une formation et en prêtant serment devant une institution. Le second, celui du voleur armé, est acquis par la seule voie des circonstances, dans ce cas, en braquant une arme sur quelqu’un.
Le pouvoir dont dispose un agent dans une situation donnée, est toujours limité dans son étendue. Seul Dieu est omnipotent ! Le rayon d’action du pouvoir de droit est circonscrit par la fonction de l’agent (le gendarme n’a pas le pouvoir de retirer votre permis si vous n’avez commis aucune infraction), celui du pouvoir de fait l’est par la réalité du monde (le voleur n’a pas le pouvoir de s’envoler sur un balai après son forfait).
Possession vs exercice du pouvoir
Le pouvoir ainsi défini est un état, certes relatif et versatile. Mais l’exercice du pouvoir relève de l’action, et celui qui le détient doit choisir son camp : le bien ou le mal, le juste ou l’injuste ? Ici, se situe toute la responsabilité du puissant. Se donner des règles, ou les mépriser ? Abuser de sa situation, ou faire preuve de mesure ? Écraser les faibles ou contenir les forts ? Telle est la question.
Des questions, Trump ne s’en pose pas trop. Son élection à la tête des USA lui a donné un pouvoir de droit sur le sol américain et un pouvoir de fait sur le reste du monde. Par l’emploi systématique du décret pour faire passer ses décisions, sans l’aval du législateur, Trump se montre bien décidé à abuser de son pouvoir de droit. Par le caractère erratique, inintelligible, immoral et partisan de son action à l’internationale, il exerce son pouvoir de fait de manière parfaitement arbitraire. Le résultat est navrant. La conduite du pouvoir par Trump sape durement la confiance du monde occidental dans la démocratie américaine.