Les projecteurs viennent de s’éteindre sur l’état du Qatar, hôte très décrié de la coupe du monde de football en raison de son respect « tout relatif » des droits humains. De fait, le Qatar s’assoit sur un concept central à toute société démocratique : L’égalité.
2+2=4 : en mathématiques, l’égalité est non ambigüe. Elle exprime le fait que deux termes prennent strictement la même valeur. Mais comment comprendre cette notion d’égalité dans une société humaine où les ‘termes’ sont des êtres vivants dotés d’une grande complexité ? Deux grandes lignes se dessinent : L’égalité comme ‘fondement’ de la société, ou l’égalité comme ‘fin’.
L’égalité en tant que ‘fondement’ d’une société démocratique, pose un postulat fort : Les hommes sont des êtres moraux, et d’un point de vue moral, ils ont tous la même ‘valeur’. Cette égalité en tant ‘qu’êtres moraux’, est le socle sur lequel se construit la société, et se traduit par le traitement indifférencié des individus face à la loi : Tous sont égaux en droits. D’où une équation simple lors d’élections démocratiques : Une personne = une voie ! L’égalité en droit s’oppose à une forme d’inégalité bien spécifique : La discrimination par la loi. Qu’elle soit raciale, religieuse, ou de genre, toute discrimination inscrite dans la loi est fondamentalement contraire au principe même de démocratie.
Égalité comme fin et fin des inégalités
Plus « sensible » est l’égalité en tant que ‘fin’ de la société, c’est-à-dire en tant que but ultime. Ici, l’égalité entre individus n’est pas une donnée de départ de la société, mais un projet à réaliser. Il s’agit de concrétiser dans les faits, une égalité théorique, l’égalité ‘de droit’, qui n’élimine pas les inégalités persistantes en termes d’accès à la culture, la propriété, ou la santé. L’égalité en tant que ‘fin’ vise précisément à gommer ces disparités sociales et économiques. Mais là encore, deux options se présentent : D’un côté, l’égalité des ‘chances’ est la version ‘soft’ de l’égalité comme ‘fin’, de l’autre, le partage égal des richesses en est la version ‘dure’. Qu’en dire ? L’égalité des ‘chances’ est une sorte de fin intermédiaire par rapport à la fin ultime qu’est l’égalité des richesses. Elle traduit la croyance que chacun est voué à poursuivre son propre bonheur, mais que cette quête doit être équitable : Sur la ligne de départ de la vie, personne ne doit se trouver avantagé par sa fortune, sa condition ou les circonstances de sa naissance, car seules les dispositions individuelles valent dans la course au bonheur. Le partage égal des richesses va plus loin : L’idée, ici, est tout simplement, que l’égalité de la ‘valeur morale’ justifie une ‘distribution égale des biens’. Dans une économie de marché, où seule compte la ‘valeur économique’ des individus, cette conception de l’égalité est loin de s’imposer.
Quelle que soit l’idée que l’on se fait de l’égalité, force est de constater que le Qatar, que les couleurs arc-en-ciel indisposent, a encore un long chemin à parcourir en la matière.